Prologue sans Eric : Samedi 20. Grenoble-Saint Laurent du Pape (167km). Je pars enfin, je n'aurais pas pu attendre Lundi, l'envie de pédaler et de s'évader était trop forte. Je me force à ne pas forcer pour éviter l'épuisement alors que l'étape s'annonce très longue. Je pars de Grenoble direction plein Sud jusqu'à Clelles avec quelques kilomètres en compagnie d'un sympathique couple de tendémistes, puis je quitte enfin la nationale très passante pour une petite départementale assez sauvage qui serpente jusqu'au col de Menée (1457m). La pente est régulière, ombragée, le revêtement d'une finesse rare, le paysage magnifique, c'est le paradis du Cyclo-voyageur ! Le passage du col est violent : on change de climat, de température, de végétation... et de sens de la pente. La descente est très longue, jusqu'à Chatillon-en-Diois, mais malgrès ça la fatigue se fait sentir. Le vent me démoralise jusqu'à Die. La traversée de la vallée du Rhône est assez monotone après les paysages montagneux... J'abandonne à Saint-Laurent et je téléphone pour qu'on vienne me chercher (en voiture oui) et me ramener jusqu'à Saint-Sauveur-de-Montagut. Je ne me fais plus plaisir et je sais que la route n'est pas très agréable à partir de là. J'ai tellement pris l'habitude du vélo que je ne supporte pas la voiture, chaque virage, accélération, ou freinage me retourne l'estomac... Vive le vélo !
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Lundi 22. Valence-St Sauveur-Dornas (75km). Le temps est pluvieux et froid. Je prends le train à Grenoble pour Valence. Une quarantaine de bornes me séparent de Gwenn, qui se remet doucement de ses 167km parcourus samedi. Moi, ça commence à faire longtemps que je n'ai pas fait de distance, et une légère appréhension me gagne. Malgré la pluie et le vent, j'arrive à midi et quart pour engloutir un gros plat de frites chez les parents de Christine. On reprend la route vers trois heures, direction Mézilhac, avec une côte interminable de 29km, pour 1000m de dénivelé. Arrivés là-haut, on découvre le trou du cul du monde, le vent et le froid. Pas de camping bien sûr. On pourrait continuer une vingtaine de bornes pour le camping de Rieutord , mais ça nécessite de grimper encore. On opte pour une descente de 10km vers Dornas, où nous plantons la tente à côté de sympathiques belges.

Mardi 23. Dornas-Rieutord(90km environ). Réveil matinal ou presque (10h) avec une fine pluie qui s'estompera rapidement. Armés d'un camembert et d'un pain, nous entamons d'entrée cette journée par une côte de 8km pour atteindre le col de Joux (1100m et des poussières). Jolies maisons, chataigniers et brebis égarées composent le décor des bords de route. Peu après, nous parcourons les crêtes qui nous offrent un paysage magnifique. A Longchamp-Raphael, plus haut village d'Ardèche (1330m de mémoire), nous choisissons de rallonger notre itinéraire pour n'atteindre Figeac que lundi prochain. Puis nous continuons jusqu'au col du Mont Gerbier de Jonc (1477m) où nous croisons un couple de cyclistes bretons venant de Nantes en suivant la Loire. Ensuite, belle descente vers Sainte-Eulalie, pour terminer au camping de Rieutord. Il est 18h et nous profitons des derniers rayons de soleil pour creuser une piscine dans ce camping désert, hormis ce bus hollandais rempli de candidates pour le concours régional de bikini. En grands sportifs, nous refusons leur proposition de massage pour réaliser notre séance d'étirements quotidienne.

Mercredi 24. Rieutord-Prévenchères (76km). Réveil un peu frisquet après une nuit agitée et bruyante. Montée pour quitter Rieutord. Nous regagnons Lanarce en passant par Saint-Cirgues-en-Montagne et Issanlas. De Lanarce à Langogne, nous empruntons une route bucolique, calme, et qui plus est, en descente. Arrêt obligé au bar PMU de Langogne. Puis direction plein sud vers Prévenchères via une très jolie route et un petit col de Thort (1120m). Passé Langogne, nous changons de paysage mais aussi de climat, nettement plus chaud que les Monts d'Ardèche. 3ème jour sans réseau...

Jeudi 25. Prévenchères-Florac (76km). Premier levé matinal. Céréales au thé et hop, nous enfourchons nos montures, soigneusement préparées par nos écuyers pour trouver une belle descente et jolie vue sur le lac de Villefort. Passage à Génolhac, évocation des vacances à la Soleïade, odeur de pin, arbres séchés, murs de pierres... Mais ce n'est pas vers Bessèges que nous roulons mais vers Vialas, par la D998. La route monte bien jusqu'au Col de la Croix Berthel (1088m). Redescente vers le Pont-de-Montvert, village assez touristique, qui semble le point de départ de ballades dans le Parc des Cévennes. Après quelques échanges courtois avec les villageois, nous empruntons la D20 pour rejoindre le Col du Sapet (1088m). Route sûre avec très peu de voitures à travers le Parc. Pour quitter le col, une longue descente de 6km, "difficile et dangereuse", nous amène à la N106 pour finalement atteinbre Florac après 8km. Journée très chaude et qui nous change du froid des Monts d'Ardèche.

Vendredi 26. Florac-Aguessac (80km). Départ à 10h30, courses. Direction les Gorges du Tarn. Ciel gris, pancartes "location canoë" tous les 300m, campings à foison... On est loin des paysages quasi désertiques des premiers jours. La fatigue se fait également sentir. Grosse douleur au genou sur les derniers km. A celà s'ajoute une pluie froide. On s'arrête logiquement au premier camping (cher, lugubre, et en plus les douches sont tièdes), Aguessac, à 7km de Millau.

Samedi 27. Aguessac-Rodez (92km). Après un repos bien mérité, nous prenons la route pour Millau (courses et office du tourisme). Le ciel est nuageux, on s'attend à la pluie... Effectivement, après quelques km, on se prend une bonne saucée. La journée commence bien. On casse la croûte à Millau, pas très motivés pour partir. Finalement on reprend la route , avec une longue côte qui nous mène à une départementale très fréquentée et bien vallonnée. A ce rythme on n'espère plus atteindre Rodez. Heureusement, on prend une petite départementale, passant par Arques, beaucoup plus chouette. On reprend courage et on atteind finalement Rodez après une longue descente, passé un col (admirez la précision narrative d'Eric). Camping très agréable. On papotte avec un sympathique hollandais en voyage à vélo organisé, et qui se fout de nous parce qu'on boit de la Hoegarden (qui au passage fait faire de progrès étonnants en anglais, à moins qu'elle n'endorme toute évaluation critique de notre qualité linguistique). En attendant il buvait de la kro alors il fallait pas trop la ramener... Orgie de pâtes le soir et douche chaube interminable. Distance totale 577km.

Dimanche 28. Rodez-Capdenac (64km). Distance totale 641km. Départ plutôt tardif. Journée ensoleillée. On galère un peu pouh quitter la ville et trouver la bonne route. On trace en prévision de la journée de repos. Arrivée à Capdenac après une longue descente. Glace. Camping et douche.

Lundi 29. Jour de repos à Figeac après quelques tours de pédale.

Mardi 30. Figeac-Laguiole (115km). On quitte Figeac par les petites routes de l'est, veritable labyrinthe. A Livinhac, on rejoint le Lot après s'être un peu perdus dans les petites routes. Une charmante anglaise nous remet sur le droit chemin (façon deparler, hein). La D42 qui longe le Lot est très agréable : ombragée, peu fréquentée, c'est l'idéal à vélo. 30 bornes plus loin, on rejoint Entraygues. Pause avant d'attaquer la montée vers Laguiole par la D42. La route est longue, en constante ascension et nous accusons le coup. Les 10 dernières bornes semblent interminables. On atteint finalement Laguiole (963m), perchée sur une colline.

Mercredi 31. Laguiole-Saugues (102km) 882km total. Nuit bien ventée mais réveil au sec : pas de rosée du tout. On continue notre chemin du retour vers l'est avec la D15 qui grimpe jusqu'à 1286m. Au bout de la première ligne droite de la D215, un magnifique paysage s'offre à nous : les Monts d'Aubrac. Pause déjeuner à Saint-Urcize, passage à Escudières pour rejoindre la D987 qui nous emmène à Aumont-Aubrac, puis à Saint-Alban-sur-Limagnole (route magnifique). Il nous reste une trentaine de km pour atteindre Saugues. Pause 4h. Beaucoup moins fatigués qu'hier, nous progressons à bon rythme. Nous faisons un bout de chemin avec un cycliste sympathique, un peu illuminé peut-être. Camping 4 étoiles à moins de 6 euros, on ne comprend plus rien à la tarification des campings...

Jeudi 1. Saugues-Mazet-Saint-Voy (93km). Total 909km. Grosse journée, fatiguante. Beaucoup de dénivelé, une déviation dès le départ qui nous fait changer de route.

Vendredi 2. Mazet-Saint-Voy-Valence (79km). Longue descente de St Agrève à Lamastre. Quelques montées et cols en faux plats montants, c'est une descente magistrale qui s'offre à nous. Tout le long c'est la course, Eric monte comme une balle et Gwenn essaye de le rattraper dans les descentes... On avance tellement bien qu'on chope même le train de 13h10 pour Grenoble. La fin est un peu frustrante, après avoir pédalé comme des dératés toute la matinée, on se retrouve désoeuvré dans le train. Le choc est également thermique, on s'est levé dans la brume à 10°C pour se retrouver en pleine après-midi à Grenoble à plus de 30°C !

Voilà c'est fini.

Dis quand est-ce qu'on recommence ?